La Fondation Indosuez en France s’adapte au contexte de crise
Dès mars dernier et le début du confinement, la Fondation Indosuez* s’est adaptée pour répondre à l’urgence aux côtés des associations qui œuvrent sur le terrain en faveur des personnes les plus fragilisées. La modification et l’accélération de son mode opératoire habituel lui ont permis d’accompagner les initiatives concrètes d’acteurs venant en aide à celles et ceux qui figurent parmi les oubliés de la crise sanitaire : les personnes de la rue et les personnes ayant un handicap psychique.
Une réalité préoccupante
En France, le confinement a plongé 250 000 personnes sans domicile dans une urgence sanitaire sans précédent conjuguée à un isolement encore plus marqué et violent qu’habituellement.
Pour les personnes ayant des troubles psychiques, le confinement a augmenté le risque de dégradation de leur santé ou de rechute. Le risque de désinsertion professionnelle, déjà très élevé d’ordinaire, s’est également accru.
Face à ce constat alarmant, la Fondation Indosuez en accord avec son Président et son Comité exécutif a décidé de participer à l’élan collectif de solidarité en faveur des personnes fragilisées et d’agir vite en toute cohérence avec les orientations générales du groupe Crédit Agricole (soutenir, parmi les acteurs de la solidarité, en priorité les acteurs en bonne santé déjà connus ayant la capacité de survivre à la crise).
Un mode opératoire exceptionnel adapté au confinement
Dans cette situation singulière, la Fondation Indosuez a choisi de reporter au second semestre l’instruction des nouveaux dossiers candidats dont la présentation était prévue au premier semestre. Ainsi, elle a pu apporter un soutien rapide et exceptionnel à quatre associations de son portefeuille en première ligne auprès des personnes de la rue ou ayant un handicap psychique.
Les associations Entourage, La Cloche et le Carillon, pour les personnes vivant à la rue, ainsi que les associations Club House France et Les Invités au Festin, pour les personnes ayant un handicap psychique, ont dans un premier temps reçu le soutien des collaborateurs. Dans un esprit solidaire très collaboratif et en un temps record, ces derniers ont en effet procédé à une analyse rigoureuse des dossiers allégés présentant leurs initiatives concrètes et souvent innovantes. La décision finale d’attribution des subventions a ensuite été prise par le Comité exécutif restreint réuni début mai.
Le paradoxe du confinement pour les personnes sans domicile
Alors que les médias, auxquels ils ont un accès limité, martelaient de « rester chez soi » et de « respecter les gestes barrières » la vulnérabilité à la crise du Covid-19 des sans domicile ne cessait de croître. Leur santé fragile, leurs difficultés à s’informer sur la maladie et les principes de précaution, la rupture de la solidarité citoyenne de proximité, l’absence des bénévoles, la fermeture des commerces, les sorties limitées… n’ont fait que renforcer les difficultés matérielles, la précarité, l’anxiété et l’isolement des personnes de la rue.
L’association Entourage a alors choisi d’adapter l’action qu’elle mène depuis 4 ans en faveur des plus exclus par le biais de la sensibilisation des habitants, de l’entraide de proximité et de la création d’un lien social. Forte de son équipe de 25 salariés et services civiques, 80 bénévoles et de 100 000 citoyens engagés à Paris, Lyon, Lille, Rennes et dans les Hauts-de-Seine, l’association a choisi d’être présente différemment aux côtés des personnes exclues et isolées. Le Projet Corona-Entraide a vocation à permettre aux personnes de la rue non seulement de continuer à vivre et à subvenir à leurs besoins de la façon la plus sécurisée possible mais aussi de se sentir entourées.
Ainsi, parmi les actions menées, l’application mobile d’Entourage a relayé les informations du site Soliguide (annuaire en ligne des structures d’aide), des notifications push, des contenus et infographies ont été créés pour leur permettre de comprendre la pandémie et leur rappeler les numéros d’urgence. Des réponses personnalisées ont été apportées à de nombreux sans domicile par téléphone ou par chat en ligne. Des webinars de sensibilisation ont été animés plusieurs fois par semaine pour sensibiliser les riverains et leur donner des clés pour agir auprès des personnes SDF. Le lien social a été entretenu grâce à l’opération “ Les Bonnes Ondes ”, une chaîne solidaire d’appels entre des habitants et des personnes sans domicile, qui ont été orientées par des partenaires associatifs (Armée du Salut, Samu Social de Paris, Emmaüs Solidarité…) ou celles et ceux qui se sont manifestés spontanément.
A La Cloche, les équipes et bénévoles sont restés mobilisés pour innover et réinventer leurs activités. Ainsi, ils ont maintenu le lien social en échangeant par téléphone, sms, messenger ou whatsapp avec les personnes du réseau et toutes celles qui ont pu se faire connaître. Localement des actions spécifiques ont été mises en place pour que les personnes sans abri puissent continuer à trouver de l'aide auprès des commerçants du réseau Le Carillon ou devant les locaux de l’association (impression d'autorisations de sorties, de flyers répertoriant les structures encore ouvertes…). La mise en relation des commerçants et associations pour faciliter le don d'invendus a été accélérée et la sensibilisation du grand public renforcée.
Lutter contre l’exclusion et favoriser l’inclusion
La crise du Covid-19 et le confinement favorisent la dégradation de la santé mentale des personnes souffrant de troubles psychiques, leur isolement ou encore, le risque de désinsertion professionnelle. Des réactions psychologiques face à l’épidémie tels que le développement d’une « souffrance émotionnelle » et de comportements à risque (alcool, tabac, isolement, violence…) sont à craindre.
Afin de poursuivre leur accompagnement et de compenser la fermeture des locaux, les équipes de salariés, bénévoles et partenaires des trois Clubhouses français de Paris, Bordeaux, Lyon - et un groupe pilote du futur Clubhouse de Nantes - se sont mobilisés pour inventer de nouvelles modalités d’accompagnement et sécuriser le parcours de soins de leurs membres par le biais d’un dispositif digital et humain. Par le biais notamment d’activités à distance, d’ateliers collectifs… les e-Clubhouses permettent de garder le lien entre les membres et d’apporter du soutien aux près de 600 bénéficiaires (personnes adultes fragilisées par des troubles psychiques tels que les troubles bipolaires et les troubles schizophréniques) accueillis habituellement.
De son côté, l’association Les Invités au Festin a adapté son fonctionnement et déployé des moyens supplémentaires pour assurer la continuité de ses services : travail à distance, accompagnement par téléphone et mobilisation de salariés pour pallier l’absence de bénévoles, utilisation des nouvelles technologies pour maintenir du lien avec et entre les personnes accompagnées. Ainsi, la centaine de personnes en souffrance psychique majeures habituellement accompagnée dans les 2 accueils en journée de l’association a pu bénéficier d’un soutien par téléphone ou à domicile, indispensable pour ne pas se sentir trop isolé pendant le confinement. De même, la trentaine de résidents des 2 lieux de vie a réussi à passer cette épreuve en maintenant une vie collective, avec des journées rythmées par les activités proposées et adaptées au contexte et au respect des gestes barrières.
L'Association Siel Bleu qui accompagne depuis 22 ans les plus fragiles pour leur redonner le sourire et améliorer leur santé avec des solutions préventives universelles (l'activité physique adaptée, la diététique et les soins de supports au sens large) a continué à se mobiliser tout au long du confinement. Elle a accompagné les plus fragiles en maintenant le lien social et en faisant bouger un maximum de personnes pour qu'elles restent autonomes et épanouies.
Cette période a démontré le caractère essentiel de programmes pour le bien-être de chacun et pour celui des plus fragiles parmi lesquels figurent désormais les personnes qui ont été atteintes par le Covid-19. Siel Bleu s’est notamment engagé dans la création d’un programme spécifique de retour d'hospitalisation et de ré entraînement pour les personnes ayant été atteintes par le virus. Elles éprouvent un réel besoin de retrouver une forme physique pour ne pas perdre en autonomie et en lien social.
*Sous égide de la Fondation de France
08 juillet 2020